

Maintenant c'est le tour de Bruxelles |
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Français | |
per Víctor Alexandre | |
diumenge, 10 setembre 2006 | |
![]() Mais moi, aujourd’hui, je ne veux pas vous parler des ennemis extérieurs, mais de cet ennemi que nous Catalans portons en soi. Il s’agit de l’ennemi le plus dangereux de tous parce qu’il ne se voit pas, et, même si c’était le cas, nous sommes incapables de le reconnaître, puisqu’il adopte notre propre visage. Cet ennemi a un nom : il se fait nommer déception. Une déception que nous-mêmes, souvent sans nous en rendre compte, nous répandons à tord et à travers sous forme d’idée selon laquelle nous ne nous en sortirons jamais parce que « l’Espagne et la France ne voudront jamais … », parce que « l’Espagne et la France n’admettront jamais … », parce que « l’Espagne et la France ne nous laisseront jamais … ». Nous devons éradiquer cette négativité de notre cerveau, et cela pour plusieurs raisons. Je vous en donnerai trois. La première : parce qu’il s’agit d’une preuve d’infantilisme, de sous-estimation de soi et de méfiance envers ces propres possibilités, s’estimer vaincu avant d’avoir terminé la partie. Cela ne veut pas dire que l’infantilisme est une mauvaise chose en elle-même, l’infantilisme n’est pas mauvais chez un enfant, mais il est maladif et transpire le pathétisme quand il devient l’image de marque d’un peuple qui se vante d’avoir mille ans d’histoire. La deuxième : parce que plus nous insistons sur l’impossibilité de l’indépendance nationale, plus la fausse certitude de cette impuissance se consolide en nous-mêmes. L’indépendance n’est pas une récompense qu’un père omnipotent doit nous décerner pour bonne conduite, l’indépendance est un droit qu’exerce tout être humain, quand il arrive à l’âge adulte, ou toute collectivité nationale quand elle prend conscience que l’égalité entre les peuples n’est pas possible sans le respect de leur singularité. Et la troisième : parce que l’énergie que nous gaspillons avec la pratique de la victimisation ou de la justification nous éloigne chaque fois plus de l’exercice de la maturité. Et la maturité d’un peuple est attestée par le refus de ce peuple à subordonner la volonté de son Parlement à la volonté d’un autre Parlement. Il n’y pas de doute que, récemment, nous avons été victimes d’une fraude historique, d’une fraude appelée Statut qui, dans un délai très court, sera soumis au juge de l’histoire, mais nous ne devons pas pour cela nous décourager. En effet, dans ce monde il n’y a rien qui soit intrinsèquement bon ni intrinsèquement mauvais. Et pas seulement parce que la nature ne fait pas de jugements moraux ou parce qu’il ne pleut jamais selon le goût de tout le monde, mais parce que de nombreux faits que nous jugeons négatifs un jour, finissent, avec le temps, par avoir des contreparties assez positives. Mais il est clair que pour que cela arrive, il faut savoir positiver l’adversité. Et le côté positif du piège du Statut est que l’Espagne n’a pas été définitivement dénudée. En réalité, quoi qu’ils en disent, il n’y a pas de nouveau Statut. Il n’y en a pas parce que tout Statut qui ne reconnaîtrait pas la nation catalane, qui n’en finirait pas avec la spoliation fiscale, qui ne contemplerait pas le concert économique, qui n’admettrait pas la gestion de nos ports et aéroports, qui n’obligerait pas à étiqueter en catalan tous les produits fabriqués ou distribués en Catalogne et qui refuserait, en plus, le droit de célébrer des référendums, d’avoir des sélections nationales et d’exercer démocratiquement le droit à l’autodétermination, est un Statut au service des intérêts de l’Espagne et, par conséquent, un Statut contraire aux intérêts de la Catalogne. Ne nous rendons nous pas compte du non-sens que suppose la direction de la Catalogne par un Statut ? Ne nous rendons nous pas compte que « nation » et « Statut » sont deux termes contradictoires ? Les nations adultes n’ont pas de Statut, les nations adultes ont une Constitution. Et où est la constitution de la Catalogne ? Où est le document qui garantit sa personnalité juridique ? Où est la Grande Charte qui la comparerait en droits et devoirs aux autres nations souveraines du monde ? Nous n’avons rien de cela, et pourquoi ? Parce que la tentative de nos voisins de convertir les Catalans du sud en Espagnols et les Catalans du Nord en Français reste inaltérable tout au long du temps. A chaque cycle politique, des gouvernements de signe différent naissent et meurent tant en Espagne qu’en France, de droite comme de gauche, mais tous, absolument tous, ont un objectif commun : la disparition du peuple catalan comme identité nationale différenciée. ![]() ![]() La France et l’Espagne se trouvent à la fin de leur histoire impériale. Peu importe qu’ils ne se rendent pas compte ou qu’ils ne veuillent pas se rendre compte, leur cycle vital s’achève, et avec leur fin naît un autre cycle qui sera leur antithèse. Je parle d’un cycle marqué par le déclin des petits peuples. Et parmi ces peuples, soyez-en certains, il existe une place pour les Pays catalans. Berria , 15/9/2006 (basque) Nabarralde , 15/9/2006 (espagnol) Racó Català , 19/9/2006 (catalan) Eurotribune.net , 26/9/2006 (catalan, anglais, espagnol, français) |
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